Pour son premier long métrage, la jeune réalisatrice Maïmouna Doucouré a frappé fort. Entre triomphe et scandale, de la France aux États-Unis, son film n’a pas laissé indifférent. Les hyper-conservateurs américains n’ont pas manqué d’anéantir le film en créant une polémique, lui reprochant des images trop sexualisées sur fond de twerk et d’insultes.
Mignonnes traite, c’est vrai, de l’hyper sexualisation chez les jeunes filles.
On assiste, à travers le personnage d’Ami, au passage entre enfance et adolescence. Vivant dans un milieu où la tradition est très marquée, elle découvre un nouveau monde à son entrée au collège, lors de sa rencontre avec un groupe de filles, « les Mignonnes ». Par opposition à son contexte familial traditionnel, elle choisit un autre extrême, et commence à apprendre des danses très suggestives. A travers les fortes oppositions entre musiques traditionnelles et modernes, on comprend qu’Ami est tiraillée entre son besoin d’acceptation par ses nouvelles amies et son amour pour sa mère : c’est une sortie d’enfance.
Car les choses sont claires depuis le début du film : les Mignonnes ne sont que des enfants et ne connaissent pas le sujet auquel elles se confrontent : le sexe. On s’en aperçoit au cours du film à travers différentes situations : les premières règles d’Ami, qui ne comprend pas ce qui lui arrive, leurs conversations, pleines de fausses certitudes, et surtout leur absence de conscience quant à la signification de leurs gestes.
Plus encore qu’avec les rites chamaniques que lui fait subir sa tante, Ami est avec les Mignonnes comme prisonnière d’un enchantement, lié à l’influence des ses nouvelles amies. Elle semble perdue et hors de contrôle. Elle qui, au début du film, disposait sagement des dessins sur le lit parental, en vient à pousser une de ses rivales dans l’eau du canal. Cet enchantement se brise lorsqu’elle perd une paillette, qui renvoie aussi bien à la fête familiale, le mariage de son père avec une deuxième épouse, qu’au spectacle de danse, où culmine sa superficialité nouvelle. En perdant cette paillette, Ami retrouve la raison, comme par magie. Fin sans doute facile, sans véritable solution. Mais Ami, elle, peut croire aux contes de fées, ce n’est encore qu’une enfant.
Louise Klipfel