Le Otto Montagne (2022), Felix VAN GROENINGEN et Charlotte VANDERMEERSCH
En compétition
Prix du Jury
Alpes italiennes, paysages vertigineux et deux enfants : Pietro et Bruno. Un rat des villes, en vacances loin de sa vie turinoise, et un rat des champs, chaussettes remontées jusqu’à mi-mollet en plein soleil. Ils se trouvent l’été de leur 12 ans et tissent une amitié infusée d’air montagnard. Leurs rencontres ne se font qu’entre pierriers, ânes et alpages, et nourrissent la légèreté de leur lien privilégié. À 12 ans puis à 30, ils échappent, la tête dans les sommets, aux réalités matérielles et familiales au sein desquelles ils ne trouvent pas leur place. Chaque scène transpire un amour palpable pour la montagne. Grandes témoins de l’amitié entre les deux garçons, elles façonnent le récit à leurs pentes qui essoufflent et leurs pics qui émerveillent. Pietro et Bruno se rencontrent, sont séparés par leurs pères respectifs, se retrouvent pour construire une maison et tissent une relation en pointillés, l’un ne descendant jamais dans la vallée, l’autre devenant un «backpacker» émérite. Le otto montagne est une histoire de trio : Pietro, Bruno et les Alpes. Un trio ou un «déca-io», si on conte les «otto montagne» (huits montagnes) du modèle indien de Pietro. Revenant d’un «roadtrip» au Népal, il se lance dans l’explication du concept des «otto montagne». Vapeurs d’alcool montant à la tête et frontale en plein visage, la poésie et la spiritualité de la représentation ne sont jamais vraiment prises au sérieux. Se détournant volontairement d’une scène qui aurait pu dégouliner de lourds signifiants thaumaturgiques, ils boivent, rient et prennent du recul quant aux travers des films de montagne qui forcent le grandiose. Une montagne au centre, huit autour. Celui qui naît dans la montagne centrale ne la quitte jamais – Bruno – celui qui entame la périphérie ne cesse d’en faire le tour – Pietro.
Otto esempi (Huit exemples) qui reflètent une relation teintée de montagnes.
Chaque détail montagnard fait écho à leur amitié née des sommets. Ils agissent plus qu’ils ne parlent, ils montent, dévalent et vivent à deux l’expérience de la pente, ils se suivent, inlassablement et exclusivement, ils profitent de la confidentialité de la neige hivernale, et ils rient, autour d’un feu et le cœur allégé par la hauteur. Les poumons remplis d’air frais et le cœur comblé d’un amour fraternel tout en subtilité, Le otto montagne propose une respiration hors de la superficialité de Cannes. Un petit câlin pour une rédaction grenobloise dépaysée et en manque de ses massifs.
